Loi sur la liberté de communication :
Discussion en première lecture à l'Assemblée nationale
Sélection des passages relatifs à InternetNote d'Iris : ces passages ont été sélectionnés à partir des comptes-rendus analytiques diffusés sur le site de l'Assemblée nationale. Ils seront mis à jour régulièrement. Malgré le soin apporté à cette sélection, il est toujours possible que certains propos aient été attribués à d'autres que leurs auteurs. Veuillez signaler tout problème de ce type à : webmestre@iris.sgdg.org
- Deuxième séance du mardi 18 mai 1999 (Des députés reprochent au gouvernement l'absence de dispositions sur Internet)
- Troisième séance du mardi 18 mai 1999 (Des députés reprochent au gouvernement l'absence de dispositions sur Internet)
- Deuxième séance du mercredi 19 mai 1999 (Catherine Trautmann se prononce pour la définition rapide d'un régime de responsabilité des fournisseurs)
- Troisième séance du mercredi 19 mai 1999 (Rien sur Internet)
- Deuxième séance du jeudi 20 mai 1999 (Rien sur Internet)
- Troisième séance du jeudi 20 mai 1999 (Rien sur Internet, mais l'échange sur la démocratie participative vaut la peine d'être lu)
- Troisième séance du mardi 25 mai 1999 (Discussion et adoption d'un amendement supprimant le monopole de TDF sur la diffusion numérique)
- Deuxième séance du mercredi 26 mai 1999 (Rien sur Internet)
- Troisième séance du mercredi 26 mai 1999 (Rien sur Internet)
- Deuxième séance du jeudi 27 mai 1999 (Discussion et adoption des deux amendements Bloche. Rejet de tous les autres amendements portant sur la responsabilité des fournisseurs. Rejet des amendements Martin-Lalande sur la modification du taux de TVA sur Internet et le multimedia. Rejet d'un amendement supprimant l'interdiction de publication des sondages à une semaine des élections.)
Deuxième séance du mardi 18 mai 1999
LIBERTÉ DE COMMUNICATION L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi modifiant la loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication. Je rappelle que ce texte a fait l'objet d'une lettre rectificative du Gouvernement. [...] EXCEPTION D'IRRECEVABILITÉ Mme la Présidente - J'ai reçu de M. Jean-Louis Debré et des membres du groupe RPR une exception d'irrecevabilité déposée en application de l'article 91, alinéa 4, du Règlement. M. Renaud Muselier - Présenté dès mai 1997 par le Premier ministre comme l'une des grandes réformes du Gouvernement, le projet de loi sur l'audiovisuel, qui est enfin examiné par le Parlement, manque cruellement d'ambition. Il n'est qu'un texte "en creux" faisant l'impasse sur tout ce qui fâche. C'est l'aboutissement d'un mauvais feuilleton, riche en rebondissements, traîtrises et lâchetés. [...] "Le Gouvernement est en retard par rapport aux enjeux de la communication de demain", déclarait M. Guyard, défendant le 18 mars 1997 l'exception d'irrecevabilité sur le projet relatif à la liberté de communication. Ces propos s'appliquent tout à fait à votre texte. En effet, les technologies de l'information et de la communication se métamorphosent, tous les signaux émis dans ce secteur pouvant être convertis sous une norme numérique. Cette évolution permet la constitution d'une méga-industrie de la communication, proposée au plus grand nombre au moindre coût. Qui aurait pensé il y a quelques années que ce portable de moins de 600 grammes possèderait les fonctions de téléphone, de fax, d'annuaire, d'Internet... M. le Président de la commission - On s'en doutait depuis une vingtaine d'années ! M. Renaud Muselier - Alors, pourquoi ne pas en avoir tenu compte dans le projet ? Le développement de la société de l'information est devenu la préoccupation de nombreux Etats. Selon un rapport sur la politique québécoise de l'autoroute de l'information, un mouvement irréversible est lancé. La société de l'information et l'économie du savoir ne sont pas des constructions de l'esprit. C'est dans cette nouvelle économie que se concentreront la majorité des investissements productifs et des emplois. [...] Un autre secteur se développe de façon exponentielle : Internet. On dénombre aujourd'hui plus de cinquante millions d'utilisateurs du Web dans le monde. Or le mariage d'Internet et de la télévision commence à se préciser. La télévision, telle qu'on la connaît aujourd'hui, privilégie un mode pyramidal de diffusion de l'information, alors qu'Internet permet de naviguer dans le réseau en surfant de lien en lien et de site en site. Grâce à la fusion avec Internet, la télévision aura donc la possibilité de naviguer sur le Web. Il sera par exemple possible de cliquer sur une image animée et d'approfondir la recherche à partir de cette image. Dans un tel contexte, la télévision trouvera de nouvelles applications. L'usager pourra sélectionner les domaines qui l'intéressent et exploiter des réseaux multimédias interactifs. Il y aura à terme une fusion des écrans de télévision et des écrans d'ordinateurs. Des nouveaux terminaux capteurs auront la télévision, Internet et assureront aussi les fonctions de téléphonie habituelle. Comment se fait-il, Madame le ministre, que votre projet de loi n'aborde pas la question d'Internet ? Comment y faire respecter les principes du droit français tout en prenant en compte les particularités de son fonctionnement ? Qui sera en France le régulateur d'Internet ? Ce sont là des enjeux majeurs mais une fois de plus, vous avez choisi de ne pas choisir ! Alors que le câble symbolise cette possibilité de mariage de la télévision et d'Internet, il est encore aujourd'hui tétanisé par l'invraisemblable dispositif juridique et institutionnel datant de 1982. De ce fait, France Télécom vend ses réseaux aux opérateurs américains et investit dans le câble à l'étranger. Comment se fait-il que vous délaissiez cette technologie qui est l'un des emblèmes de notre savoir-faire à l'étranger ? [...] La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance, qui aura lieu ce soir à 21 heures. La séance est levée à 19 heures 30.Troisième séance du mardi 18 mai 1999
LIBERTÉ DE COMMUNICATION (suite) QUESTION PRÉALABLE (suite) [...] M. Michel Françaix - [...] Ce débat est donc stratégique pour l'avenir de notre pays. Quel a été le premier Gouvernement à dire non seulement que l'on ne pouvait pas ignorer l'émergence du phénomène Internet mais aussi qu'il ne fallait pas avoir peur de cette évolution technologique car la France a les moyens d'en tirer profit ? M. Olivier de Chazeaux - Et Martin-Lalande, il n'a rien fait ? M. Michel Herbillon - La majorité passe la brosse à reluire... M. Michel Françaix - Quel a été le premier Gouvernement à mobiliser la France, l'Etat, les institutions, le monde de l'enseignement, sur la voie des nouvelles technologies ? C'est bien celui de Lionel Jospin. L'opposition s'oppose néanmoins, et c'est son droit. Mais sur quoi ? [...] A l'heure de la révolution numérique, il importe de surcroît, pour que soit respectée l'égalité des chances et pour que soient offertes à chacun toutes les cartes de la citoyenneté, de permettre au plus grand nombre de Français de profiter des nouvelles possibilités offertes par les technologies de l'information et d'en maîtriser le mieux possible l'utilisation. [...] M. Olivier de Chazeaux - Enfin ! [...] On ne trouve dans votre texte aucune disposition sur le numérique hertzien, sur les télévisions locales et régionales et enfin sur la convergence des médias. Voilà qui est particulièrement grave de la part d'un Gouvernement qui se prétend en pointe sur les nouvelles technologies et qui se montre si enthousiaste à promouvoir la société de l'information. M. Christian Cuvilliez - Depuis plus d'un an et demi, vous avez ouvert un large débat à propos d'un secteur sur lequel il est nécessaire de légiférer. Aujourd'hui, nos compatriotes passent en moyenne 24 heures chaque semaine devant le petit écran, soit deux heures de plus qu'en 1989. Cette place croissante s'accompagne d'une diversification des moyens de réception, avec le développement du câble et du satellite. Si l'on inclut Internet, la radio et l'écoute musicale, on mesure l'accumulation de consommation audiovisuelle. Dans ce contexte, coexistent deux secteurs, un public et un privé, ce qui rend nécessaire une redéfinition de leurs missions, statuts et financements. Longtemps considérée, comme un bien public, la télévision est devenue un produit avant de se transformer en un service. [...] Le péage finançait 25 % des programmes audiovisuels en 1985, et 44 % en 1995. L'intérêt grandissant des groupes pour la communication audiovisuelle constitue l'enjeu des déréglementations et des stratégies d'alliance des grands groupes dans l'audiovisuel mais aussi les télécommunications et l'informatique. Lorsque Vivendi prend le contrôle de CEGETEL pour les télécommunications, d'Havas pour l'édition électronique et de Canal Plus, c'est pour pouvoir combattre les alliances qui se constituent autour de Murdoch ou de Berlusconi. [...] L'entrée dans l'ère du numérique et la convergence entre télévision, informatique et télécommunications vont constituer une véritable révolution technologique, modifiant non seulement le paysage audiovisuel, mais le comportement du téléspectateur, qui pourra composer son propre programme. Cette révolution exige, pour le secteur privé, des moyens nouveaux pour faire face à la demande de services et de programmes, sans négliger pour autant le développement des chaînes généralistes. Priver le secteur public des financements nécessaires, c'est soit l'empêcher d'être au rendez-vous du numérique, soit le contraindre à choisir ce dernier au détriment des chaînes généralistes, soit enfin l'acculer au choix inverse, ce qui le conduirait à se séparer des chaînes thématiques attendues par le téléspectateur. C'est prendre la responsabilité d'une crise du secteur public, de la marginalisation de la production nationale, de la naissance d'une télévision à deux vitesses où les programmes les plus attractifs seront l'apanage de la télévision payante. La troisième raison tient enfin au contexte international de mondialisation des économies qui nous contraint à réaffirmer quelques grands principes et à définir une politique nationale qui donne du corps à la notion d'exception culturelle. Dans un secteur marqué par une régulation discriminatoire par l'argent, la formation de conglomérats privés multinationaux et la mise en place d'une économie du péage et des compteurs pour l'accès à l'information, les offensives ultralibérales du GATT, puis de l'OMC, l'AMI, le projet NTM prennent toute leur signification : il s'agit d'éliminer toutes les règles de sauvegarde des intérêts nationaux, pour édifier un marché mondial ouvert aux ambitions des groupes transnationaux. Il est donc temps, comme le souligne la proposition de loi élaborée par les Etats Généraux de la culture, qu'anime Jack Ralite, de mettre en oeuvre "une responsabilité publique et sociale à tous les niveaux local, régional, national, européen, international, avec en son coeur les enjeux de civilisation que sont le pluralisme des idées, des expressions, des esthétiques, l'exception culturelle, la liberté de création et de recherche, l'indépendance de l'information et l'égalité de tous les citoyens". [...] M. Patrice Martin-Lalande - Information et communication représentent déjà une part importante de l'activité économique. Les nouvelles technologies nous ouvriront plus encore sur le monde et vont bouleverser l'audiovisuel. Aussi est-il regrettable qu'un seul projet n'aborde pas ces bouleversements et n'essaie pas d'en tirer parti. Il aurait fallu aborder la convergence qu'implique la multiplication des contenus et des supports, et s'agissant des contenus, utiliser la numérisation de notre patrimoine culturel, favoriser la production multimédia, aider la presse à entrer dans les réseaux, développer la musique française en ligne. Dans le livre vert publié en décembre 1997, la Commission européenne définit la convergence des réseaux comme "la capacité de différentes plateformes à transporter des services essentiellement similaires". Texte, son et parole convergent de plus en plus, la fusion du téléphone, de l'informatique et de l'audiovisuel est en cours. Les distinctions traditionnelles entre contenu, contenants, équipement se dissolvent. Bien que la convergence entre radio et Internet existe déjà et que celle entre services de télévision et Internet soit techniquement envisageable, on constate un grand conservatisme des Français dans l'utilisation de leur télévision. La perspective "d'un grand tuyau" par lequel passeraient tous les canaux de transmission de l'information soulève quelques craintes. Par ailleurs, les terminaux d'accès ne cessent de se multiplier. Plusieurs infrastructures, concurrentes ou complémentaires -filaires, hertziennes ou satellitaires- sont capables de transporter instantanément l'information d'un point à l'autre du globe. Tous les jours sont inventés de nouveaux services qui amènent des sons, des données ou des images. Comment seront organisés les réseaux de l'économie de l'information ? Qui les exploitera ? Qui les contrôlera ? Qui les financera ? Comment se feront les arbitrages et les contrôles entre les différentes techniques ? Autant de questions qui ne trouvent pas de réponse dans ce texte. Comme le soulignait le Conseil d'Etat dans son récent rapport, jusqu'à une période récente, chaque type de réseau était exclusivement ou principalement dédié à un service. Désormais, sous l'effet des convergences technologiques, les réseaux ne sont plus dédiés à des services particuliers et permettent de véhiculer tous types de contenus et de services. Dès lors, la distinction traditionnelle entre d'un côté la régulation des services et des réseaux audiovisuels et, de l'autre, la régulation des services et des réseaux de télécommunications perd sa pertinence. Une distinction nouvelle doit être opérée entre deux types de réglementations : celle des réseaux de télécommunication et celle des contenus et des services. Enfin, il faudra prévoir un socle minimal de principes communs à tous les services de communication au public, protection des mineurs, respect de la dignité humaine, de la vie privée et des données personnelles, respect de la propriété intellectuelle, identification de la publicité comme telle. Afin de ne pas entretenir une confusion avec le régime applicable à la communication audiovisuelle, le Parlement devrait être saisi au plus vite d'un projet de loi d'ensemble pour la régulation globale de la communication par réseau. Ce projet pourrait viser, outre le problème de la responsabilité des acteurs, celui des contrats de travail adaptés au télétravail, du financement des PME dans ce secteur, du commerce électronique... Le Gouvernement a fait un travail intéressant avec son programme d'action pour l'entrée de la France dans la société de l'information, pourquoi refuse-t-il de le traduire sous une forme législative et d'organiser un débat sur ce thème ? Le Parlement en est réduit à proposer au coup par coup des dispositions qui ne peuvent plus attendre pour clarifier la responsabilité des acteurs. Pour ma part, j'ai déposé un amendement visant à préciser la responsabilité des fournisseurs d'accès Internet et des hébergeurs de sites, à sanctionner la dénonciation calomnieuse, permettre la levée de l'anonymat d'auteurs de sites pouvant faire l'objet de poursuites judiciaires, demander au Gouvernement de s'engager dans une négociation internationale à la véritable échelle d'Internet. La nouvelle économie de l'information est à la recherche d'un cadre juridique favorisant le développement des nouvelles techniques et des nouveaux services. Il faut le lui apporter dans les meilleurs délais. Pour la production multimédia, on ne peut que souhaiter l'intervention rapide de l'Etat pour identifier, inventorier et protéger les oeuvres du patrimoine, amplifier le plan de numérisation des données patrimoniales, soutenir le développement du secteur de l'édition et de la production multimédia, favoriser la consommation de produits multimédia grâce à un abaissement à 5,5 % de la TVA sur les produits et services. L'explosion de la diffusion de la musique par des moyens numériques modifie en profondeur l'économie de la production musicale et pose dans des termes nouveaux le problème de la rémunération équitable des producteurs et des artistes interprètes. En effet, le système de distribution et de vente de musique par voie électronique menace de porter un coup décisif à la création si les mesures nécessaires ne sont pas prises, comme la préservation du droit exclusif d'autoriser les producteurs et la mise en place d'outils de propriété intellectuelle. La copie numérique permet d'obtenir un véritable clone de la musique enregistrée originale. Un véritable marché parallèle émerge en France, mais la copie numérique ne peut plus dès lors être considérée comme privée, puisqu'elle peut devenir le vecteur d'une microéconomie de la piraterie numérique. Si rien n'est fait, l'industrie du disque française risque de connaître prochainement une évolution semblable à celle constatée aux Pays-Bas où, en 1998, le marché a reculé de plus de 15 %. Si le numérique offre au public un accès au disque démultiplié et démocratisé et favorise une baisse des prix, la France n'en tire pour l'instant pas profit. Les producteurs ne s'opposeront ni à l'achat en ligne de leurs disques, ni à leur téléchargement. Mais il faut trouver des garanties techniques et juridiques si l'on ne veut pas que ce marché du disque sur Internet soit exclusivement américain. La France a un rôle moteur à jouer en proposant les services d'information et de culture alternatives dans le cadre de la convergence par le tout numérique. Je regrette profondément que le Gouvernement n'ait pas dégagé les moyens nécessaires ni développé une stratégie à long terme, pour préparer le grand rendez-vous de la société de l'information. Il nous faudra rapidement réparer cette erreur (Applaudissements sur les bancs du groupe du RPR, du groupe UDF et du groupe DL). M. Patrick Bloche - Un projet pour l'audiovisuel public, tel est l'objectif principal de cette réforme de la loi de 1986 que vous avez su, Madame la ministre, porter avec une volonté et une détermination que je ne suis pas le premier à saluer. [...] J'en viens aux enjeux de la société de l'information. La multiplication des chaînes numériques hertziennes terrestres aura de grandes conséquences sur notre industrie de programmes. On évoque la possibilité de dégager six réseaux pouvant transporter de 24 à 36 programmes, ce qui permettra le développement d'une télévision de proximité interactive et pluraliste. Le service public audiovisuel devra être, à cet égard, une référence. Mais il faut se garder de toute précipitation pour fixer le calendrier et les modalités de la numérisation. Un débat associant tous les acteurs concernés doit avoir lieu, dont nous attendons les conclusions pour les inscrire dans le projet lors de sa deuxième lecture. Il faudra aussi à terme redéfinir le champ de la communication audiovisuelle. Il était sans doute trop tôt pour toucher aux deux piliers du Temple que constituent les deux premiers articles de la loi de 1986. La communication par réseau, qu'il s'agisse du réseau ouvert Internet ou des réseaux fermés des intranets, se développe fortement, aidée par le programme d'action gouvernemental pour la société de l'information. Mais la régulation de la communication audiovisuelle s'avère de plus en plus inadaptée à cette nouvelle forme de communication. En effet, la communication par réseau, quel que soit son procédé, ne constitue pas une ressource rare susceptible d'une régulation économique assurant l'égalité de traitement et la libre concurrence. Mais elle ne peut pas porter atteinte au pluralisme, puisqu'elle n'est pas diffusée par l'intermédiaire d'une ressource rare, mais qu'elle donne accès à des signaux, des écrits et des images de toute nature. J'espère que le débat sur les articles permettra d'abandonner le régime de déclaration préalable des services en ligne et des services télématiques et de clarifier la responsabilité des intermédiaires techniques de la communication par réseau. Le développement des nouveaux services est une vraie chance pour l'audiovisuel public, non seulement parce qu'ils lui permettront de mieux remplir ses missions mais aussi parce qu'ils constitueront une troisième ressource, ajoutée à la redevance et à la publicité. Ainsi, ne laissons pas d'autres débats, somme toute mineurs, occulter les enjeux véritables pour l'audiovisuel public : être une référence en matière de qualité, un espace de citoyenneté mais aussi l'élément essentiel d'un vaste espace numérique au service de l'intérêt général. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, du groupe communiste et du groupe RCV) [...] La discussion générale est close. La suite du débat est renvoyée à une prochaine séance. Prochaine séance ce matin, mercredi 19 mai à 9 heures. La séance est levée à 1 heure.Deuxième séance du mercredi 19 mai 1999
LIBERTÉ DE COMMUNICATION (suite) [...] Mme la Ministre - [...] Même si, comme on l'a vu, diverses questions demeurent en suspens, des amendements permettront de prendre des premières décisions de principe. Ainsi, le développement du réseau Internet demande la rédaction d'une législation spécifique. Je suis néanmoins favorable à ce que soit défini sans attendre le régime de responsabilité des hébergeants. [...] MOTION DE RENVOI EN COMMISSION [...] M. Olivier de Chazeaux - Je voudrais féliciter M. Rudy Salles pour son excellent exposé. Il a stigmatisé les lacunes de ce projet, notamment sur les nouvelles technologies, lacunes que M. Françaix regrettait lui-même hier à la tribune. Madame la ministre, nous ne sommes pas opposés à une réforme de l'audiovisuel, mais elle aurait dû intégrer dès la première lecture des dispositions sur le numérique hertzien, sur les télévisions locales et aussi sur Internet. Internet, ce n'est pas le futur, c'est le présent puisqu'un certain nombre de radios se diffusent par cette voie, en dehors de tout contrôle du CSA. Il est donc urgent de légiférer sur ces points. [...] La motion de renvoi en commission, mise aux voix, n'est pas adoptée. AVANT L'ARTICLE PREMIER [...] M. Christian Kert - Il s'agit, avec l'amendement 213, d'ouvrir la liberté de communication à l'ensemble des supports audiovisuels, et notamment Internet. M. le Rapporteur - Considérant que l'article 2 répond largement à cette préoccupation, la commission a rejeté l'amendement. L'amendement 213, repoussé par le Gouvernement, mis aux voix, n'est pas adopté. [...] M. le Président - A la demande de la commission, les amendements 567, 568, 322 corrigé et 332 sont réservés jusqu'après l'article 28. ARTICLE PREMIER [...] L'article premier, amendé, mis aux voix, est adopté. APRÈS L'ARTICLE PREMIER [...] Les amendements 32 et 174, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés. ART. 2 [...] La suite du débat est renvoyée à la prochaine séance, qui aura lieu ce soir, à 22 heures. La séance est levée à 20 heures 15.Troisième séance du mercredi 19 mai 1999
[Note d'Iris : rien sur Internet pendant cette séance]LIBERTÉ DE COMMUNICATION (suite) RAPPEL AU RÈGLEMENT ART. 2 (suite) La suite du débat est renvoyée à une prochaine séance.Deuxième séance du jeudi 20 mai 1999
[Note d'Iris : rien sur Internet pendant cette séance]LIBERTÉ DE COMMUNICATION (suite) ART. 2 (suite) APRÈS L'ART. 2 ART. 3 APRÈS L'ART. 3 La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance ce soir, à 21 heures 30. La séance est levée à 20 heures.Troisième séance du jeudi 20 mai 1999
[Note d'Iris : rien sur Internet pendant cette séance. Signalons néanmoins un intéressant échange à propos de démocratie participative... Les acteurs de la société civile, et les associations en premier lieu, sont de plus en plus remplacés par des « échantillons de population ». Cette fois-ci, ils ne sont même plus « représentatifs », mais carrément « aléatoires ». La prochaine étape sera-t-elle de ne plus élire les représentants de la nation, mais de les désigner aléatoirement ???]LIBERTÉ DE COMMUNICATION (suite) ART. 4 (suite) APRÈS L'ART. 4 M. Yves Cochet - Nous avons décidé cet après-midi qu'un conseil composé de quarante spectateurs tirés au sort donnerait son avis aux conseils d'administration des chaînes sur la qualité des programmes. Cela ne me paraît pas la meilleure méthode. Il aurait été préférable qu'un conseil représentatif des associations de téléspectateurs remette un rapport annuel : ces associations, dont certaines existent de longue date, possèdent une plus grande expérience et seraient mieux à même de discuter avec les professionnels de la télévision. C'était l'objet de mon amendement 554 que j'accepte de retirer, dans la mesure où cette proposition serait redondante avec celle adoptée cet après-midi. Cela étant, je reste convaincu de l'intérêt des corps intermédiaires, défendus d'ailleurs aussi bien par Tocqueville que par les mouvements de gauche. M. Jean-Marie Le Guen - La démocratie participative a aussi un intérêt ! M. Yves Cochet - Monsieur Le Guen, vous connaissez parfaitement les défauts d'une prétendue démocratie directe. ART. 5 APRÈS L'ART. 5 ART. 6 La suite du débat est renvoyée à une séance ultérieure. Prochaine séance, mardi 25 mai, à 10 heures 30. La séance est levée le vendredi 21 mai à 1 heure.Troisième séance du mardi 25 mai 1999
LIBERTÉ DE COMMUNICATION (suite) [...] ART. 7 [...] M. le Président - Nous en revenons aux amendements 328, 143 corrigé, 361, 502, 359, 570 et 251, précédemment réservés. M. Olivier de Chazeaux - Je défendrai ensemble mes amendements 328, 361 et 359, qui visent à mettre ce projet en conformité avec le principe de libéralisation des télécommunications. On ne peut plus raisonner en fonction des modes de diffusion connus : à côté du numérique, qu'il soit diffusé par voie terrestre, par satellite ou par le câble, il faut maintenant prendre en considération la "toile", Internet, qui permet déjà de diffuser des images. Or, en l'état, le projet apparaît inadapté dans la mesure où il maintient le monopole de télédiffusion, quels que soient les moyens de télécommunication, au profit de la société TDF. C'est en contradiction avec la libéralisation en cours comme avec les dispositions communautaires. Il convient donc de supprimer ce monopole pour tout ce qui n'est pas analogique terrestre. M. le Rapporteur - La commission a repoussé ces amendements, mais sans se montrer hostile à une évolution. Il ne lui a pas paru absurde que, comme c'est déjà le cas pour les chaînes privées, les fréquences soient attribuées aux chaînes publiques plutôt qu'à TDF. Notre rejet n'a été dicté que par le souci de pouvoir traiter la question avec méthode. Mme la Ministre - Je me prononcerai sur l'ensemble des amendements réservés, relatifs à TDF. La loi a confié à celle-ci le monopole de la diffusion et de la transmission pour les chaînes publiques mais cette disposition semble désormais peu adaptée au développement de la diffusion et de la transmission par satellites, que TDF n'assure d'ailleurs plus. En outre, les sociétés de l'audiovisuel public contestent les tarifs pratiqués par la société, en soulignant les bons résultats financiers de cette dernière. Je comprends donc le souci de transparence et de vérité économique qui a présidé à la rédaction de ces amendements, mais leur adoption ne me paraît pas pour autant souhaitable dans l'immédiat. Ils proposent en effet trois solutions : la suppression du monopole de la diffusion analogique, sa suppression pour la seule diffusion numérique et l'encadrement des tarifs par l'ART, avec ou sans suppression du monopole. La première mesure n'aurait que peu de portée puisque TDF conserverait un quasi-monopole de fait, grâce à sa maîtrise des points hauts. Quant à la deuxième mesure, l'adopter reviendrait à anticiper sur les conclusions de la réflexion menée à propos de la télévision numérique de terre. Enfin, demander à l'ART de donner un avis public sur les tarifs de TDF friserait une administration des tarifs, peu cohérente avec les projets visant à placer à terme l'entreprise dans une situation concurrentielle. L'amendement 328 tend à modifier l'article 26 de la loi de 1986 qui organise l'attribution prioritaire des fréquences au profit des missions de service public, en faisant de TDF l'attributaire. Même si le monopole était maintenu, il pourrait sembler logique que les chaînes en bénéficient directement. Cependant, toutes les implications juridiques de la décision n'ayant pas été appréciés, je m'en remettrai à la sagesse de l'Assemblée. M. Christian Cuvilliez - Il est singulier qu'on parle de monopole à propos de TDF alors que la société n'intervient pas dans le secteur privé ! Elle n'a une exclusivité que pour le secteur public, auquel du reste elle appartient. L'opposition voudrait qu'il n'en soit plus ainsi, sous prétexte que ce serait contraire à la loi. Or je suis de ceux qui soutiennent celle-ci, parce que je considère qu'elle constitue un pôle public, remplissant des missions de service public, et dans lequel TDF, qui accomplit aussi une mission de service public a toute sa place. La société a, d'autre part, réduit de 2 % en moyenne ses tarifs, ce depuis six ans ; elle consacre 4 % de son chiffre d'affaires à la recherche et elle contribue à la sécurité nationale. Je ne vois donc pas de raison de déréglementer, même si des évolutions peuvent être envisagées lors de l'introduction du numérique. M. Noël Mamère - Madame la ministre, les Verts partagent votre avis : il apparaît normal de préserver l'exclusivité de TDF sur l'analogique pour assurer un service égal sur tout le territoire. Il est toutefois loisible de s'interroger sur l'avenir du monopole quand on sait que TDF est dans le giron de France Télécom, déjà partiellement privatisée. Ne cédons pas à l'archaïsme idéologique sur ce point ! Enfin, il serait anachronique de maintenir le monopole sur le numérique : ce privilège exorbitant ne saurait d'ailleurs tenir compte tenu des progrès techniques. M. Laurent Dominati - Mme la ministre a raison de souhaiter des évolutions et de s'en remettre à la sagesse de l'Assemblée sur l'amendement 328. La suppression du monopole légal ne pénaliserait au reste pas TDF, qui conserverait un monopole de fait, et cela mettrait les chaînes publiques sur le même pied que les chaînes privées face à cette société. TDF fait partie du service public, mais c'est aussi la filiale d'une "Nini", semi-privée donc : il est d'autant plus étrange de défendre son monopole ! Voilà pourquoi il faut voter l'excellent amendement de Chazeaux. M. Michel Françaix - Le monopole n'étant pas remis en cause, l'amendement paraît acceptable. L'amendement 328, mis aux voix, est adopté. La suite du débat est renvoyée à la séance de demain après-midi. Prochaine séance, ce matin à 9 heures 15. La séance est levée à 1 heure 15.Deuxième séance du mercredi 26 mai 1999
[Note d'Iris : rien sur Internet pendant cette séance]LIBERTÉ DE COMMUNICATION (suite) ART. 15 APRÈS L'ART. 15 ART. 16 La suite du débat est renvoyée à la prochaine séance qui aura lieu ce soir, à 21 heures. La séance est levée à 19 heures 30.Troisième séance du mercredi 26 mai 1999
[Note d'Iris : rien sur Internet pendant cette séance]LIBERTÉ DE COMMUNICATION (suite) ART. 16 ART. 17 APRÈS L'ART. 17 ART. 18 APRÈS L'ART. 18 ART. 19 AVANT L'ART. 20 ART. 20 APRÈS L'ART. 20 ART. 21 ART. 22 APRÈS L'ART. 22 ART. 23 ART. 24 APRÈS L'ART. 24 ART. 25 19 ART. 26 19 La séance est ouverte à vingt et une heures. La suite de la discussion est renvoyée à cet après-midi. Prochaine séance ce matin, jeudi 27 mai, à 9 heures. La séance est levée à 0 heure 55.Deuxième séance du jeudi 27 mai 1999
PRÉSIDENCE DE M. Yves COCHET LIBERTÉ DE COMMUNICATION (suite) APRÈS L'ART. 26 (suite) ART. 27 APRÈS L'ART. 27 ART. 28 ART. 16 (précédemment réservé) [...] APRÈS L'ART. 28 M. le Président - Nous en arrivons à cinq amendements en discussion commune. M. Olivier de Chazeaux - L'amendement 515 est défendu. M. Patrick Bloche - Notre amendement 568 traite de la responsabilité des hébergeurs de sites et des fournisseurs d'accès à Internet. Il faut suite à un arrêt, désormais fameux, du 10 février 1999, l'arrêt Altern, qui a mis en émoi, à juste raison, la communauté des internautes : en effet, un "hébergeur", M. Valentin Lacambe, a vu sa responsabilité civile engagée, en qualité de responsable éditorial, parce que des photos dénudées d'un mannequin célèbre, par ailleurs animatrice de télévision, avaient été diffusées sur l'un des 47 000 sites qu'il hébergeait gratuitement sur son site Altern. Nous avons voulu régler sans tarder ce problème en insérant à la fin du titre II de la loi de 1986 un chapitre V intitulé "Dispositions relatives aux services en ligne autres que de correspondance privée". Le coeur du dispositif est l'article 43-2 que je propose. Il dispose que l'hébergeur ou le fournisseur d'accès ne voit sa responsabilité engagée que dans deux cas : s'il a lui-même contribué à la création ou à la production du contenu litigieux, ou si, ayant été saisi par une autorité judiciaire, il n'a pas agi promptement pour empêcher l'accès à ce contenu. Je souligne cette deuxième condition, car c'est elle qui m'a conduit à modifier l'amendement que j'avais d'abord déposé en commission. J'ai souhaité que cette incitation, cet engagement de responsabilité de l'hébergeur s'il n'a pas agi, démarre du moment où il est saisi par une autorité judiciaire. Faute de quoi nous pourrions aboutir à une situation de censure préventive, où l'hébergeur, alerté par n'importe qui, se sentirait tenu de limiter de lui-même l'accès, au détriment de la liberté d'expression sur le réseau. Quant à l'article 43-3, il n'est que la suite logique du 43-2 : les hébergeurs et fournisseurs d'accès seront tenus de transmettre les éléments d'identification fournis par les personnes qui créent les sites et les éléments techniques nécessaires pour localiser les émissions, notamment en cas de contentieux. Telle est la solution que je propose pour clarifier la responsabilité des hébergeurs. Je ne prétends pas avoir trouvé la solution idéale. Mais, au stade de la première lecture, cet amendement a le mérite d'exister, de poser les enjeux, et de rappeler que le droit commun s'exerce dans la plupart des cas, que ce soit en matière civile ou pénale : Internet n'est pas un espace de non-droit. M. Olivier de Chazeaux - Avec l'amendement 322 corrigé, je propose à mon tour une solution à ce problème. Comme l'a très bien dit M. Bloche, Internet, qui est un formidable espace de liberté, n'est pas une zone de non-droit. Mon amendement est proche du sien, mais introduit un élément que je crois non négligeable. Reprenons en effet l'arrêt Altern, sur lequel on a beaucoup glosé. La cour d'appel a considéré que le rôle de l'hébergeur excédait celui d'un simple transmetteur d'information, dans la mesure où son activité, contrairement à ce qu'il prétendait, était rémunératrice : de ce fait il devenait prestataire de services audiovisuels et non simple transmetteur. Ma proposition a pour but de poser un garde-fou, permettant aux fournisseurs d'accès de se protéger a priori. Ils pourront informer le CSA de l'identité des sites qu'ils hébergent ainsi que de leurs responsables. Il faut que l'attention de l'hébergeur puisse être attirée sur l'un des sites qu'il diffuse. Je n'accepte pas l'argument selon lequel, par des mesures trop restrictives, nous risquerions de faire émigrer certaines activités. Il faut aussi penser aux victimes. Peut-on imaginer qu'un justiciable français ne puisse faire valoir ses droits devant un tribunal français, parce qu'il n'y aurait sur notre territoire aucune personne responsable ? Si nous faisons peser la responsabilité sur les seuls éditeurs des sites hébergés, et que ceux-ci ne soient pas établis en France, nous n'aurons aucune disposition juridique permettant d'établir la compétence d'un tribunal français. Ce serait créer la possibilité d'une zone de non-droit. Ce que je propose n'est pas une obligation de résultat mais de moyens. Il s'agit d'attirer l'attention de l'hébergeur, de lui indiquer qu'il a certaines démarches à faire et que, s'il les accomplit, cela favorise pour partie une exonération de sa responsabilité. Mon amendement se distingue, enfin, de celui de M. Bloche par le rôle que j'attribue au CSA. Il pourra exercer un contrôle a posteriori sur les sites, comme il le fait pour les images diffusées par les télévisions et alerter l'hébergeur en cas de messages contestables, en lui demandant de prendre des mesures. M. Christian Kert - Dans ce débat nos préoccupations aux uns et aux autres sont très proches. La déclaration des droits de l'homme dispose que "la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme", et que "tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l'abus de cette liberté". Tel est l'objet de l'amendement 209 que j'ai déposé avec M. Albertini. Il exonère de leur responsabilité les opérateurs techniques sous réserve qu'ils acceptent de prêter leur concours aux autorités publiques en cas d'infraction. Ce dispositif, fondé sur la responsabilisation plutôt que sur la coercition, préservera le champ de liberté que représente Internet sans négliger la nécessaire protection de la vie privée qui pourra, à tout moment, être invoquée par les personnes s'estimant lésées. M. le Rapporteur suppléant - La commission a repoussé les amendements 515, 322 corrigé et 209. Je pense pour ma part qu'en deuxième lecture nous pourrions nous inspirer en partie du 515. La commission ne s'est pas prononcée sur l'amendement 568, qu'à titre personnel je soutiens. Mme la Ministre - Je remercie tous ceux qui ont nourri ce débat en défendant des amendements qui, tous, soulignent l'urgence de définir le régime de responsabilité des hébergeurs. Les réponses proposées, toutefois, sont inégalement convaincantes ; il est vrai que nous légiférons "à chaud"... J'ai bien écouté M. de Chazeaux, qui a formulé certaines considérations juridiques auxquelles je suis sensible. Mais il propose un contrôle préalable des contenus... M. Olivier de Chazeaux - Non pas préalable : a posteriori. Mme la Ministre - ...dont je ne suis pas sûre qu'il soit applicable. Je ne peux à l'inverse soutenir aucune proposition qui ne comporterait pas de procédure d'identification. L'amendement 568, tout comme le 567 du même auteur, me semble mieux équilibré, associant liberté et responsabilité. Liberté pour les créateurs de contenus, avec la suppression de la déclaration préalable, que proposera l'amendement 567, et que le Gouvernement approuvera. Liberté pour les utilisateurs de sélectionner les contenus, et c'est pourquoi l'amendement 568 affirme l'obligation pour les fournisseurs d'accès de proposer les dispositifs techniques nécessaires à cette sélection. Liberté pour les hébergeurs d'effectuer leurs prestations techniques, et régime de responsabilité adapté aux conditions pratiques de leur activité, qui justifient une exonération de responsabilité en dehors de cas limitativement prévus par la loi. Il faudra toutefois préciser la portée de cette exonération. Tel qu'il est rédigé, l'amendement semble ne porter que sur la responsabilité civile, et laisser subsister la responsabilité pénale de droit commun. Or il serait possible de traiter conjointement les deux aspects. Pour viser les cas où un tiers lésé pourrait légitimement prétendre à réparation d'un préjudice, il faudrait préciser la responsabilité de l'hébergeur quand il est informé du caractère litigieux du message. Je me demande aussi s'il ne faudrait pas prévoir que le refus de transmettre au juge les éléments d'identification est un cas de non-exonération de l'hébergeur. Toutes ces questions méritent un examen juridique approfondi, qui est en cours avec le ministère de la justice. Le mérite des amendements 567 et 568 est de nous inciter à les traiter dès la présente loi. Certaines dispositions du 515 vont dans le même sens, mais ne créent pas d'obligation d'identification en dehors du recours à l'article 135 du code de procédure civile. Je m'en remets donc à la sagesse de votre assemblée sur les amendements 568 et 567, tout en restant prête à repréciser ces dispositions en deuxième lecture. M. Patrick Bloche - Je vous remercie, Madame la ministre ; je n'en attendais pas moins de vous. Il ne s'agit pas de déresponsabiliser les hébergeurs et les fournisseurs d'accès, mais de clarifier leurs responsabilités. Le travail que j'ai effectué s'est largement inspiré d'une directive "commerce électronique" qui sera nécessairement transposée, mais peut-être un peu tard. L'amendement qu'a défendu M. Kert est le plus proche du mien. Celui de M. Martin-Lalande ressemble très fortement à celui que j'avais déposé en commission. A M. de Chazeaux, je voudrais faire observer que dans la loi de 1986, la communication par réseaux est un sous-ensemble de la communication audiovisuelle. Or la deuxième est une ressource rare, qui nécessite une régulation, mais il en va autrement de la première. Il me paraît donc souhaitable d'écarter la communication par réseaux de la communication audiovisuelle, et donc de pas faire du CSA le régulateur des contenus sur Internet, même a posteriori. M. Olivier de Chazeaux - Je ne propose qu'une simple déclaration, accompagnée de la possibilité, pour le CSA d'exercer un contrôle a posteriori. Je ne suis pas d'accord avec M. Bloche : Internet est un formidable outil audiovisuel ; à ce titre, il me paraît devoir être régulé par le CSA. Le problème étant délicat, je propose, Madame la ministre d'appliquer votre jurisprudence : renvoyons cela à la deuxième lecture... Nous avons la chance qu'un groupe d'études ait été constitué sur les nouvelles technologies, dont la présidence est partagée. Sans doute pourrait-il se charger de rédiger un amendement qui mette tout le monde d'accord. L'amendement 515, mis aux voix, n'est pas adopté. L'amendement 568, mis aux voix, est adopté. M. le Président - Les autres amendements tombent. M. Patrick Bloche - L'amendement 567 est lié au précédent. Il tend à abandonner le régime de déclaration préalable pour Internet et les services télématiques. M. le Rapporteur suppléant - La commission ne l'a pas examiné. A titre personnel, sagesse positive... (Sourires) Mme la Ministre - Même sagesse que précédemment... L'amendement 567, mis aux voix, est adopté. [...] MM. Laurent Dominati et Christian Kert - L'amendement 517 est défendu. M. le Rapporteur suppléant - Il n'a pas été examiné par la commission mais nécessiterait, me semble-t-il, un accord européen. Mme la Ministre - Comme ministre de la culture, je souhaite des allégements fiscaux au bénéfice des supports de communication, notamment des CD-Rom, au sujet desquels le Gouvernement a consulté la Commission européenne en juillet 1998 ; mais un taux réduit de TVA ne peut être appliqué à de nouveaux produits qu'en conformité avec nos engagements européens : je regrette donc de ne pouvoir soutenir cet amendement. Cependant je continuerai à me battre au niveau communautaire. M. Laurent Dominati - Le Gouvernement pourrait-il nous dire s'il a d'ores et déjà explicitement demandé que les produits liés aux nouvelles technologies passent au taux réduit ? Mme Frédérique Bredin - Dans les discussions en cours au niveau européen, il est important que le Gouvernement puisse s'appuyer sur la volonté parlementaire qui s'exprime aujourd'hui. Les produits visés font partie de nos priorités dans la réduction sélective des taux. L'amendement 517, mis aux voix, n'est pas adopté. M. Laurent Dominati - Les amendements 519 et 518 sont défendus. Les amendements 519 et 518 ne sont pas adoptés. ART. 29 [...] ART. 4 (précédemment réservé) [...] APRÈS L'ART. 10 (précédemment réservé) [...] APRÈS L'ART. 29 [...] ART. 30 [...] M. Christian Kert - La publication de sondages est interdite, comme chacun sait, dans la semaine qui précède un scrutin, et même passible d'amendes pouvant aller jusqu'à 500 000 F. Or Internet rend désormais cette interdiction inapplicable. l'amendement 663 tend donc à l'abroger, ce qui permettra, en outre, au débat démocratique de se dérouler dans des conditions plus transparentes, et non sur la base de rumeurs ou d'informations non vérifiées. M. le Rapporteur suppléant - Non examiné, mais j'y suis favorable à titre personnel. Mme la Ministre - L'opposition m'a suffisamment reproché de déposer des amendements "de dernière minute" pour que je déplore à mon tour que soit abordé dans ces conditions un sujet qui mériterait un débat plus large, ne serait-ce qu'au sein du Gouvernement... L'amendement 663, mis aux voix, n'est pas adopté. [...] La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance, qui aura lieu ce soir à 21 heures. La séance est levée à 19 heures 30.